La vague

Et puis finalement, elle n’a plus le choix…elle plonge sous la vague…

Les circonstances de la vie qu’elle a créées l’ont poussée dans ses derniers retranchements avec une question cuisante … Qui es-tu ?

Après des jours de pleurs, de doutes, de profondes traversées, les réponses viennent plus claires, plus précises, plus intenses. 

Au début, elles étaient comme des murmures facilement évitables, mais à force de rester avec elles dans le trou, elles se sont transformées en voix de plus en plus audibles, de plus en plus limpides… 

Alors au milieu de la blessure, elle rassemble les morceaux de l’histoire qui fait ce qu’elle est aujourd’hui, elle récupère son cœur tellement amoché, tellement à vif qu’il n’en a plus vraiment la forme, mais bat encore, toujours…

Elle s’assoit avec sa vulnérabilité dans les mains, avec son nœud, celui qui lui tenaille le ventre, avec ce vide qui la fait plonger toujours plus profondément dans le manque, dans l’insécurité, dans les méandres gluants du trauma… 

L’abandon, la coupure, le manque, l’absence… cette blessure ontologique qui la rend si avide de l’autre… voilà que soudain elle la tient dans ses mains… Cette totale fragilité du bébé mal accueilli, mal aimé, mal nourri. Ce traumatisme de l’incarnation terrestre, de la coupure avec la source et du lien indéfectible…

Ce profond besoin d’amour, de soin, d’attention, de douceur, de bienveillance… 

C’est tellement délicat, tellement sensible comme un bébé qui vient de naître, que ça la terrifie… Et pourtant c’est là dans ses propres mains, dans son ventre et sa poitrine et ça appelle, nuit et jour, ça hurle comme un bébé qui s’époumone, car sa faim peut causer sa fin…

Alors ce n’est plus évitable, elle doit trouver les ressources en elle, car il n’y a plus personne à l’extérieur et puis finalement, ce n’est jamais totalement satisfaisant… quand ça vient de l’extérieur… et surtout ça la rend dépendante d’un pseudo amour, des années qu’elle s’attache sans jamais vraiment se sentir aimer. Accepte “le faute de mieux”, car elle à la croyance que si elle lâche le lien, même s’il n’est pas nourrissant, c’est la mort qui l’attend…

Alors au lieu de remettre son vide dans les mains de quelqu’un d’autre encore, de courir à l’extérieur pour trouver un pansement, dont ce n’est pas le rôle et qui du coup n’est jamais bien équipé pour en prendre soin.

Elle y plonge totalement, oui peut-être c’est la mort qui l’attend…

Peut-être qu’elle va se dissoudre dans ce vide comme quand elle n’était qu’une âme sans enveloppe terrestre… Mais ça fait des années qu’elle évite qu’elle tergiverse, souvent elle s’est retrouvée au bord, mais voyant l’abîme qui l’attendait elle faisait toujours demi-tour et repartait à la conquête d’une nouvelle illusion… D’un nouvel amour dans lequel elle ne pourrait jamais s’abandonner ni s’ouvrir par manque de confiance, par peur de ce vide, car c’est un cercle vicieux… Aujourd’hui elle sait qu’avant de pouvoir accueillir cet amour de l’autre il faut qu’elle trouve la source du sien… Celui qui ne la laissera jamais plus, celui qui ne l’abandonnera sous aucun prétexte, cet amour plein, cet amour total, inconditionnel et qui ne peut venir que d’elle-même… 

Alors assise au fond de son trou, au plus profond de ses entrailles, dans l’espace le plus sensible de son cœur, elle va doucement ouvrir grand les bras, et dégoulinante de peur et de larmes, elle va s’offrir totalement au vide glacial du manque.

Elle sait qu’elle est née humaine pour explorer son infinité, sa totalité, sa corporalité…

Des années qu’elle est en quête qu’elle foule le sol du monde, à la recherche d’elle-même, de la source, de l’autre… Mais ça ne marche décidément jamais… malgré sa volonté profonde de faire couple, la vie résiste… et là sous le ciel du bout d’elle-même, dans l’espace qui abrite son essence profonde, sa dualité, et avec toute sa douceur et son total accueil de femme, faisant appel dans une ultime prière a sa grande mère intérieure et a toute l’enrgie et le courage qui lui reste, elle s’enlace dans sa totalité, s’accueille enfin dans toutes ses dimensions d’ombres, et de lumière infinie…

Elle rencontre l’homme, celui qui vit en elle depuis toujours, qui vient enlacer son essance de femme divine et faire la paix, elle rencontre sa mère inconditionnelle qui vient prendre soin du bébé hurlant, elle fait face à ses gardiens, ceux qui l’ont maintenu en vie depuis toujours malgré toutes les épreuves, elle fait face à sa guerrière, à son armure, sa carapace qu’elle trouve craquelée de pare en pare… Les ombres dansent en elle le ballet mortuaire de l’adieu, elle est en train de mourir, elle le sait, elle doit abandonner sa cuirasse protectrice, ses schémas enfermants et rassurants qui sont devenus trop lourd, elle voit enfin qui elle est avant les conditionnements, avant l’imprégnation du transgénérationnel, elle voit la douleur, l’incapacité, la manipulation, la sur-adaptation de son âme pour entrer dans le moule qui lui était destiné, pour ressembler à la lignée, pour faire partit du clan, être des leurs… Mais avait-elle le choix? Elle sait aujourd’hui qu’elle l’a, qu’elle a vu et senti dans sa chair une autre voie possible, la voie de l’inconnue, la voie de l’unité d’Aleph la grande lettre….

Alors elle devient fluide, liquide, elle devient boue, elle se mélange à la terre, elle n’a plus la main elle à lâcher prise…. Elle s’évapore et la voilà planant au-dessus d’elle même, légère comme une particule dans un rayon de lumière… 

Elle a quitté le fond du trou dans lequel elle a laissé cette peau de chagrin, cette peau d’âme, elle a traversé, elle a basculé..

Elle a visité le vide plein d’elle-même, sa complétude, son noyau lumineux …

Elle sait maintenant qui elle est avant le manque, avant la peur, avant la mort, avant l’autre…

Jusqu’à la prochaine vague…

Elsa Lepescheux

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