Il est précieux de comprendre qu’il n’y a pas qu’une sexualité…
Celle pratiquée le plus largement est une sexualité dite « excitatoire » largement alimentée par la pornographie, le patriarcat et le manque d’information et d’éducation des hommes et des femmes sur ce sujet.
Il en existe pourtant une autre, moins répandue puisque plus consciente, et pourtant plus nourrissante, plus présente, plus aimante.
C’est une sexualité dite plus « féminine », plus en accord avec le fait de « faire l’amour… » ou plutôt de “laisser faire l’amour”.
Elle n’est plus la course à l’orgasme ou à la performance, mais bien à la rencontre, au partage, aux ressentis, à la présence, à la profondeur, à la douceur, à l’échange, à l’écoute…
Je pense vraiment en tant que femme qu’il est précieux de savoir accueillir cette possibilité de changement de sexualité.
En effet, après discussion avec des hommes, ils confient pour beaucoup une sensation d’être trop sous- pression ou d’être objetisés …
Les femmes ont rarement conscience de ce fait réel qui rend beaucoup d’hommes nerveux, pressés et déconnectés, car ils ont peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être satisfaisants, de ne pas être un bon amant!
C’est en grande partie pour cela qu’il y a tant d’éjaculateurs précoces et d’hommes qui n’arrivent pas à tenir une érection comme ils le voudraient.
Trop peu de femmes prennent le temps de donner de la douceur et de l’attention, voir même de la reconnaissance et de l’amour aux parties intimes des hommes en dehors des fellations ou des caresses excitatrices déconnectées du cœur .
Et pourtant… Hommes comme femmes sont en quête d’amour, de partage et d’épanouissement à tous les niveaux de leur être.
Les femmes aussi expriment une multitude de frustrations et d’incompréhensions liées à la façon dont certains hommes agissent, croyant bien trop souvent que la pénétration et surtout l’orgasme est la finalité et l’envie ultime de la femme alors que la sexualité peut être tellement autres choses…
Alors oui, hommes comme femmes, reconnaissons que nous manquons cruellement d’informations sur la réalité de la sexualité de l’autre sexe et de la sexualité en générale.
Avouons-nous que nous ne savons pas nous-mêmes ce que nous aimons vraiment, finalement.
Nous nous sommes adaptés à ce que nous pensions devoir faire et aimer, en lien avec ce qui nous a été imposé et transmis, dans l’inconscient collectif, depuis des décennies.
Déjà, remettons-nous en cause individuellement…
Allons à la rencontre de nous-même, de nos véritables envies, sensations, besoins, sensibilité.
Mesdames, apprenez à vous explorer, à faire connaissance avec le dehors et le dedans, pour que votre grotte sacrée ne soit plus juste un « trou », mais le lieu de votre intimité, de votre beauté et de votre puissance de femme.
Autorisez-vous à vous aimer, à aimer votre sexe et à comprendre comment il fonctionne avec douceur et curiosité, avec soin et attention, tout ce dont nous avons tant besoin.
Messieurs, revenez à vous, à vos sensations, à votre besoin profond.
Apprenez à aimer votre sexe « au repos » , vous y trouverez vous aussi un profond repos.
Lorsque vous serez nu et détendu devant votre dulcinée, vous pourrez alors vous allonger ensemble et explorer vos corps avec attention, amour et conscience, sans but.
Si vous faites cette démarche pour vous-même (homme et femme), il sera alors plus facile de la partager avec votre partenaire d’amour, et d’ apprendre ensemble votre sexualité et non plus de reproduire celle décrite dans les manuels ou prônée par le porno .
Changeons de regard et commençons à prendre conscience de notre conditionnement face à notre sexualité et les insatisfactions qui en découlent…
Et si la sexualité était plus subtile, plus joyeuse, plus créative que celle que nous pratiquons depuis toujours ?
Saviez-vous qu’une femme émet l’amour avec son coeur et le reçoit avec le sexe et que l’homme émet l’amour avec le sexe et le reçoit avec le coeur?
En effet, une femme pour s’ouvrir à un homme a besoin de sentir l’amour et qu’il soit entretenu au quotidien par des attentions, des petites caresses, des mots doux, des marques d’affection.
Le moment venu, elle aura alors envie d’accueillir son homme et de recevoir son amour car il aura nourrit son coeur.
Est-ce que ça veut dire qu’un homme a besoin d’être stimulé, émoustillé et reconnu au niveau de sa virilité pour ouvrir son coeur pour que le moment venu, il soit prêt à s’offrir et laisser sa belle contacter sa vulnérabilité et sa puissance d’homme?
Saviez-vous qu’une femme pour s’ouvrir, s’offrir et être totalement prête à accueillir un homme a besoin d’une quinzaine de minutes, quand les hommes peuvent être « prêt » en quelques secondes ?
Physiologiquement, une femme a besoin d’un certain temps pour être prête, pour que son clitoris et son vagin soient assez détendus, humidifiés et gonflés pour s’ouvrir à son homme …
Certaines femmes n’en ont pas conscience, ou sont tellement coupées de leurs sensations, de leurs émotions et de leurs besoins qu’elles sont en incapacité de prendre ce temps, de le demander ou de l’accueillir, pour pouvoir s’y abandonner, bien souvent par peur du jugement, par conditionnement, préjugés, tabous, pensées limitantes ou encore par traumatisme.
Alors si vos préliminaires sont inaccessibles , votre sexualité insatisfaisante, je vous invite vraiment à faire un travail sur vous-même.
Peut-être y a t-il des choses à guérir ou à libérer du côté de votre lignée, de votre enfance ou adolescence, un travail à effectuer au niveau de la re-sensibilisation, pour que vous puissiez enfin sentir et jouir profondément de votre sexualité et de vos sensations retrouvées.
En identifiant vos blocages et les idées et sensations qui s’y rapportent, vous pouvez entamer un chemin vers une réparation et une libération.
Ainsi vous pourrez plus facilement communiquer avec votre partenaire, sur ce qui vous empêche d’être totalement présente à vous-même et donc, à l’autre, dans l’intimité de votre couple.
Il n’y a pas d’éjaculateur précoce et de femme frigide…
Il y a juste beaucoup trop d’ignorance, de souffrance, de manque de reconnaissance, de confiance et de communication .
Le slow sexe ou la sexualité consciente nous invite à ralentir pour mieux sentir.
Finalement, le ralentissement n’est qu’une conséquence, car pour être vraiment présent et connecté à soi et à l’autre, il faut de la lenteur.
Ainsi nous pouvons ressentir les sensations subtiles du corps, l’énergie qui se diffuse, le désir qui monte, la douceur et la chaleur qui s’invitent, l’ocytocine qui se disperse dans nos corps, la testostérone qui s’apaise .
Si nous faisons confiance en nos corps, sans pressions et sans buts, et que nous coupons notre mental, pour être simplement là, l’un avec l’autre, l’un dans l’autre, l’un sur l’autre ou l’un à côté de l’autre, une danse se produit avec un lâcher prise total, une forme de méditation nourrissante et libératrice…
Alors nous pouvons jouer avec les zones d’excitation et de relaxation, surfer sur la vague du plaisir et respirer ensemble pour diffuser et continuer à danser et à savourer ce moment suspendu où le temps n’existe plus.
La sexualité tantrique, c’est cela !
Une sexualité connectée et présente, reliée à la terre et au cosmos et qui se finira peut- être par un orgasme…
Car dans cette forme d’échange, c’est le chemin qui compte …
Le but n’a plus aucune importance!
Elsa Lepescheux