Une autre vison du Tantra

Dans ce monde où plus rien n’a de sens et où tout est produit de consommation, J’avais envie de redonner ses lettres de noblesse au terme Tantra… En effet sous le couvert de ce terme désignant un courant religieux originaire de la région himalayo-indienne, le mot de « Tantra »  est aujourd’hui souvent utilisé pour désigner des pratiques plus ou moins douteuses, appelées aussi “touche-pipi” dans le jargon du “néo tantrisme”,  souvent en lien direct avec la sexualité fantasmatique et rarement spirituelle. Ce terme est devenu un argument publicitaire très vendeur, qui nous éloigne totalement de son sens et de sa profondeur. Nombre de mes amis, ayant fait l’expérience du Tantra en Inde dans les années 80 auprès d’Osho, puis de Margot Anand, ont décidé de ne plus utiliser ce terme pour définir leur travail et se sont tournés vers le “slow sex”¹ ou la sexualité consciente car ils ne se retrouvent plus dans ce que cette appellation renferme aujourd’hui. C’est le texte de Jeff Foster nommé “De l’abus et de la spiritualité” et les nombreux commentaires de femmes – abusées par des animateurs de développement personnel-  qui a éveillé en elles la lecture de ce magnifique texte (que vous trouverez en fin d’article), qui m’ont poussé à publier ce texte aujourd’hui.

Pourquoi le Tantra fait recette en Europe?

La pratique transgressive du tantrisme en Inde, au Tibet, au Japon et en Chine est ce qui a particulièrement plu aux Occidentaux. Trouvant enfin une voie pour lier spiritualité et sexualité. Pourtant, le tantrisme n’est pas qu’une pratique différente de la sexualité il est surtout la transmutation du désir en énergie et il s’agit d’une vraie démarche religieuse et spirituelle complexe, très rigoureuse et très difficilement accessible. Dans le livre de Gordon White David, “ Kiss of the Yogini L’auteur voit l’engouement des occidentaux pour le Tantra comme l’accomplissement des fantasmes Occidentaux de ritualisation de la sexualité (assimilé aux divers fantasmes en lien avec les déviances sexuelles actuelles en les légitimant par de soi-disant rituels divins), alors que dans le tantrisme il s’agit en réalité de la sexualisation du rituel. Subtile différence … Et c’est toute la différence…  On ne ritualise pas l’acte sexuel mais on sexualise le rituel…

Un peu d’histoire… D’où vient vraiment le Tantrisme?

Émergeant dans la vallée de l’Indus, à une date sur laquelle les spécialistes ne peuvent se mettre d’accord, cette métaphysique² repose sur deux principes : une «présence» omnisciente et une «action de prise de conscience». Les deux principes ou pôles,  sont symbolisés respectivement par Shiva et par Shakti qui, quoique portant des noms venant de l’hindouisme, ne sont pas assimilés à ces dieux. Erreur qui est souvent faite dans le “Néo Tantra” pratiqué aujourd’hui.

D’après la doctrine tantrique, fortement marquée par le mysticisme³, il existe une identité absolue entre l’esprit et la matière, le microcosme et le macrocosme, le soi et le monde, l’âme individuelle (jivâtman) et l’âme universelle (paramâtman)

Que signifie le mot Tantra ?

Le terme Tantra a plusieurs significations: expansion, ainsi que délivrance ou libération, c’est ce que l’on atteint en intégrant le désir à la spiritualité, par la pratique de rituels et de différents exercices corporels de respiration, de méditation, de danse et de pratique Yogique. Le pratiquant utilise alors le désir pour transformer son corps, avec pour but de l’intégrer aux forces de l’univers.

La civilisation védique de l’Inde antique place le désir au centre de la création mais le brahmanisme viendra ensuite s’y opposer.

Le tantrisme est une réaction à ce dernier : il vise à restaurer ce désir, c’est-à-dire l’énergie du monde, qui constitue une voie de libération¹

Selon André Padoux, spécialiste du sujet, « le tantrisme veut permettre à l’homme d’atteindre la libération sans renoncer au monde, de parvenir à la paradoxale coïncidence de la manifestation et de la divinité ²* ³ » 

Le divin en nous ou la part divine qui habite en chacun de nous à deux pôles, notion qui s’est répandue dans plusieurs courants de l’hindouisme et en Occident aujourd’hui, Carle G Jung en parlait déjà à l’époque de l’Animus et de l’Anima. 

  • un pôle masculin, conscient mais inactif (Shiva)¹
  • un pôle féminin, actif et créateur d’énergie (Shakti).

Ma vision du travail avec l’outil Tantra:

Après avoir passé des années à “l’Osho commune internationale” en Inde à Pune et après des années de travail dans le domaine du “néo tantrisme” en France et en Europe, je pense que le travail sur l’énergie sexuelle, communément appelé Tantra en France, est en fait un outil de thérapie profonde et que s’il n’est pas utilisé par des Thérapeutes psychocorporels diplômés et expérimentés il peut vraiment faire des dégâts et renforcer les traumas déjà présents. En effet, bon nombre de personnes qui viennent en stage de “Tantra” sont des personnes qui souvent ont subi des préjudices sexuels (des incestes, des viols, des attouchements) et qui cherche des moyens de guérir pour trouver la voie d’une sexualité nourrissante et épanouissante.

Malheureusement si l’animateur de ces stages n’est pas thérapeute et formé à l’encadrement de ces personnes, il peut créer et renforcer leurs problématiques voire même mettre ces personnes dans des situations de reproduction, ou d’abus. 

C’est pour cela que le choix d’utiliser le mot “Tantra” dans le descriptif de ma pratique est compliqué pour moi et que je lui préférais “sexualité consciente”.

Voyant tous les amalgames et les dérives faites sous ce terme au nom d’une sexualité soi-disant divine, il est en fait bien souvent utilisée pour assouvir les fantasmes de l’animateur et nourrir son Ego spirituel de toute-puissance.

Le choix de sortir de cette étiquette pour ne pas être amalgamée à tout cet univers de déviances à mon sens, n’est pas simple car d’une part il y a de très belles choses qui sont pratiquées aujourd’hui, d’autre part d’un point de vue marketing il est très compliqué de se désolidariser totalement du mouvement du Néo tantrisme sous peine de n’être que très peu sollicité car le “Tantra” est devenu un terme très à la mode dans le monde du développement personnel aujourd’hui. C’est pour cela qu’il m’a semblé important d’écrire cet article sur ma vision du tantra et pourquoi il reste une vraie clé therapeutique, dans mon travail avec les femmes et sur la sexualité féminine aujourd’hui. Margot Anand², Diana Richardson³ sont deux pionnières qui ont toutes deux travaillé et élaboré leurs méthodes sous la supervision de Bhagwan Shree Rajneesh, plus communément appelé Osho et qui ont ramené leur travail en Europe pour donner accès à une sexualité plus consciente aux Occidentaux. Le travail de Barry Long et de Mantak Chia¹chez qui j’ai été formé au Chi Nei Tsang (massages des organes) et qui travaille sur l’énergie sexuelle par le biais du Tao, une autre voie en lien avec l‘énergie sexuelle et qui prône aussi la rétention du sperme. Ces deux maîtres d’horizons totalement différents ont aussi apporté leur vision sur l’énergie sexuelle et je m’en inspire beaucoup dans ma pratique. Je ne dis donc pas que tout est à jeter dans le “néo tantrisme” mais qu’il faut être très vigilant quand on choisit son enseignant. Et que cet outil n’est pas juste du développement personnel mais bel et bien un travail thérapeutique profond et qui mérite un cadre extrêmement clair et sécurisant et un savoir-faire très professionnel . Ce n’est pas parce qu’on a suivi quelques cursus de “néo tantrisme” que l’on peut s’inventer animateur de Tantra

Malheureusement cette pratique restant hors du cadre d’une quelconque législation, nous voyons fleurir tous les jours de nouvelles propositions de stages animés par des personnes n’ayant aucune formation professionnelle d’accompagnement aux personnes et qui n’ont fait aucun réel travail thérapeutique sur eux-mêmes… Du coup que l’on soit professeur,  boulanger ou peintre en bâtiment et que l’on a suivi “une formation de tantra” (4 stages de 4 jours organisés par n’importe qui ) certaines personnes peuvent imaginer animer à leur tour… Or à part celle de Margot Anand (Sky Dancing teachers) il n’y a aucune réelle formation d’animateurs de “Néo Tantra” et encore les personnes suivant le cursus de formation chez Skydancing pour devenir animateurs ne sont pas tous des thérapeutes à mon grand regret! Mais ont au moins un vrai bagage d’animation et une vraie formation ( 8 stages d’une semaine) pour guider et accompagner des groupes.

De mon côté je ne prétends pas animer des stages de “Tantra” ni de “Néo tantra” j’utilise juste des outils liés à ces différentes pratiques pour donner la possibilité aux hommes et aux femmes qui en ont le désir de faire l’expérience de l’énergie sexuelle et l’apprentissage d’une sexualité vécue en conscience dans un cadre. De plus avant d’engager la visite de cette partie délicate de la sexualité, je propose un travail en profondeur sur différents aspects de la problématique qui aura amené le participant à venir en stage. Une fois le “ménage” névrotique avancé, les problématiques identifiées et la confiance dans le staff installée, alors nous pouvons plonger dans les méandres des ombres et de la lumière… qui habitent la sexualité. J’offre aussi un accompagnement post-stage car au lieu de laisser les participants repartir avec leurs problématiques, perdus dans la nature… Je fais un suivi thérapeutique de quelques séances par Skype ou en présentiel si possible et je donne systématiquement une liste de thérapeutes biodynamique pour que les participants puissent consulter et entamer un suivi thérapeutique s’ils en ressentent le besoin.  

Les atouts du Tantra et la thérapie psycho-corporelle nommée Biodynamique dans ma pratique:

La pratique de la biodynamique comme celle du Tantra sont des pratiques holistiques qui englobent toutes les deux les multiples dimensions de l’être (corps- énergie- psychisme et sexu) de plus comme l’a constaté Freud il y a déjà bien longtemps beaucoup de nos névroses viennent de la pulsion sexuelle qui serait selon lui présente dès notre plus jeune âge et qui serait la clé de la compréhension de la sexualité adulte et de la névrose. La biodynamique s’appuie sur les stades de développement psychosexuel de l’enfant élaborés par Freud et repris par Wilhelm Reich et qui constituent la base de notre caractère. Wilhelm Reich, comme Alexander Lowen ont tous les deux élaborés une pratique thérapeutique visant à réveiller l’énergie dans le corps pour la faire circuler et redonner au patient sa vitalité et sa joie de vivre. Tout comme le Tantra qui vise à apprivoiser l’énergie sexuelle au lieu de la consumer par l’acte sexuel orgasmique, la transforme pour en faire un moteur, une énergie de vie et un booster corporel. Le désir fondamental de vie, renfermé dans le “noyau sain” de chaque être, est la base de notre énergie vitale et devrait se vivre et circuler naturellement. Seulement dès notre plus jeune âge (bien souvent) l’expression de cette énergie est réprimée car colorée par la dimension sexuelle et réprimée par le judéo-christianisme. Que se soient la libido, L’Orgone, la transmutation, la kundalini, ces termes définissent la circulation de l’énergie sexuelle dans le corps et désignent tous la même chose finalement. Par ailleurs Le fait d’avoir suivi les 5 ans de formation pour devenir Thérapeute biodynamique fait que j’ai aussi 5 ans de travail intensif sur moi-même (la thérapie personnelle étant un des fondements principaux de cette formation). Le fait d’être au clair avec sa propre histoire et sa propre sexualité, permet à l’accompagnant (animateur, facilitateur, enseignant) de Tantra, tout comme au thérapeute, de pouvoir accompagner ses patients ou participants de façon la plus neutre et à garder une vraie distance quand aux projections diverses et variées qu’ils peuvent avoir sur eux. Si ils manquent de vigilance, de conscience et d’humilité ils peuvent finir par nourrir leur égo spirituel. Ils finiront alors par se prendre pour des  gourous et croire qu’ils détiennent la vérité. Or, si un véritable travail thérapeutique a été fait, le thérapeute gardera toujours à l’esprit que c’est le patient qui sait, c’est le patient qui détient les réponses et que c’est le mystère de l’alchimie entre le patient et le thérapeute qui donnera les clefs de la compréhension de son histoire au patient et non le thérapeute lui-même. Cette notion en temps qu’animateur de Tantra est aussi primordiale, nous ne faisons que proposer des pratiques et des points de vues différents, après c’est la magie du groupe et la singularité de chaque participant qui en fera un outil thérapeutique et qui fera ou pas avancer la personne dans son cheminement personnel. En temps qu’animatrice utilisant l’outil du Tantra dans ma pratique, je garde toujours à l’esprit que ce n’est pas moi qui “fait”, que je ne suis détentrice d’aucune formule magique et d’aucun savoir universel. Je suis juste la garante du cadre de mon stage, l’initiatrice de mon groupe et que je suis une “proposante”. En effet, dans ma vision, je propose des pratiques, des techniques et des concepts et ce sont les participantes de mes stages qui vont en faire ou pas, un outil pour leur travail personnel. En stage, je vois le groupe comme un beau bateau qui va voguer d’un point à un autre pendant le temps du stage. Personnellement, je ne pense pas être “arrivée” à destination, mais juste avoir une vision plus claire du cap que devrait prendre le bateau. Cependant, c’est l’énergie du groupe qui va donner sa direction à l’embarcation, tout en sachant que je reste à la barre et non sur l’île paradisiaque leur disant: “Regardez c’est là qu’il faut arriver”. Et cette dimension, c’est la thérapie Biodynamique qui me l’a apportée. Cela me permet de ne pas me perdre, de ne pas m’identifier à Elsa lepescheux en me prenant pour la grande déesse Tantrique, la guide ou la chamane et de rester droite dans “mes bottes”, ancrée et humaine. 

Enfin, le fait d’être thérapeute psycho-corporelle fait que je peux proposer des pratiques et un travail qui vont en profondeur et qui seront réellement transformateur. Car, grâce à la végétothérapie (un autre pilier de la biodynamique) et au Tantra, j’ai appris à gérer les abréactions corporelles et énergétiques en tout genre. Donc que ce soit une forte montée de kundalini ou l’expression d’un événement traumatique, tel qu’un abus ou un viol qui pourraient surgir au cours d’une pratique ou d’un rituel, je n’aurais aucun mal à l’accompagner et à donner à la personne l’espace de le vivre en toute sécurité, afin de lui permettre de “l’apprivoiser” et de se l’autoriser (pour ce qui est de la montée de l’énergie sexuelle par exemple) et de la guérir (pour ce qui est des traumatismes en lien avec la sexualité, l’abus, la soumission, la violence, la dépendance ou toutes autres formes de trauma névrotique.) 

Par ailleurs lors des cercles de paroles, ma position de thérapeute est aussi un atout, car l’aspect psychothérapeutique me permet d’avoir une autre vision de l’histoire des participantes et de leur donner un autre angle de vue -ou des pistes de travail- pour les aider dans leur cheminement personnel. Pour finir, le fait de baigner dans l’univers du Tantra depuis plus de 20 ans apporte une grande diversité de techniques à ma pratique et une grande connaissance de la sexualité et de l’énergie sexuelle. Par ailleurs le fait d’être danseuse, art-thérapeute et masseuse énergéticienne, fait que je suis convaincue que le corps est notre principal atout dans ce monde et que c’est en lui que nous avons à aller puiser toutes nos richesses. Le travail sur moi m’a fait comprendre qu’il n’y a rien à aller chercher à l’extérieur de nous-même, que tout est déjà là. Des maîtres comme, Osho,  Amma, Eckhart Tolle, Jean Klein, Christiane Singer, Ramana Maharshi et autre le disent tous à leur manière. Je crois profondément en la transmission (peut être parce que je suis la fille d’une thérapeute Biodynamique, animatrice de Tantra thérapeutique d’ailleurs) et c’est ce que j’aime dans les stages que je propose, cette notion que nous sommes toutes des miroirs les unes des autres et que nous avons toutes des choses à nous apprendre, à nous offrir et se transmettre.

 Quelques termes tantriques :

Le Paramatman¹ est conçu comme le fondement de tout, unité indivisible, transcendante et éternelle qui se manifeste sous une forme androgyne

Cette forme a en soi un principe masculin statique et un principe féminin dynamique, lesquels, en s’intégrant l’un à l’autre, créent continuellement la vie. Dans le tantrisme, la shakti est identifiée à la Kuṇḍalinī ², déesse-serpent existant dans le corps de chaque être humain à la base du sacrum, et dont l’éveil prélude à la délivrance, moksha ³, par son union à Shiva à la pointe du crâne. 

Dans ce contexte, certaines upaniṣad (ensemble de textes philosophiques formant la base de la théorie religieuse hindoue) la décrivent comme parèdre ¹de Shiva. 

Pour certains la Shakti est l’énergie féminine manifestée, complétée par la puissance masculine de Shiva. La Shakti est un concept, ou la manifestation d’une divinité représentant la puissance féminine créatrice² . Elle représente aussi la Grande Mère divine et la puissance de la fécondité. Par extension, la shakti désigne l’énergie dynamique féminine, ou principe actif, des divinités du panthéon indien, le principe mâle devenant passif dans son rôle de semence ou d’essence (Shiva). 

Ceci est à mettre en corrélation avec la dualité Puruṣa (signifierait: l’Esprit) /Prakriti (signifierait: L’ordre naturel ou La forme primitive) de la philosophie du Sāṃkhya

Ainsi, dans l’hindouisme, le mot shakti revêt les sens suivants :

  1. puissance, force, énergie ;
  2. pouvoir divin, force consciente du Divin ;
  3. manifestation d’un pouvoir de la Conscience et de la Force suprêmes (selon shrî Aurobindo¹) ;
  4. la Mère divine, source de tout pouvoir ;
  5. Parèdre et Puissance de manifestation et d’action d’un Dieu particulier, représentée comme une Déesse².

C’est la fusion totale des deux entités, masculine et féminine, fusion physique, mentale et spirituelle, qui permet l’accès à l’énergie suprême, à la conscience et à la sérénité. 

Le fameux yab-yum³, représentant deux entités distinctes de Shiva et de Parvati, qui pourrait sembler aux non-initiés être simplement une scène charnelle, n’est en fait que la représentation de la fusion des principes masculins et féminins, qui seuls donnent accès à la conscience et à l’énergie suprêmes.

De l’union de ces deux principes jaillit le monde et naît la vie.

L’union des deux sexes élimine la polarité des contraires et conduit à l’indivisible originel qui précéda la création¹

le principe masculin, appelé le purusha², l’esprit, et la prakriti, la nature matérielle, identifiés avec Shiva et Shakti, forment les deux aspects de “l’Un” originaire, symbolisé par le lingam. On retrouve dans ce symbole l’ambivalence du dieu, ascète et renonçant d’une part, mais aussi figure majeure du tantrisme, représenté par un phallus, d’autre part. Le mot lingam signifie « 1) signe ; 2) phallus ; 3) symbole de Shiva »2. Le lingam est une représentation d’un phallus (la masculinité) et d’une vulve (la féminité)³.

Le Puruṣha est décrit comme suit dans les hymnes spéculatifs du Veda¹

Le Mâle a mille têtes,

il a mille yeux, mille pieds.

Couvrant la terre de part en part,

il la dépasse encore de dix doigts.

Le Mâle n’est autre que cet univers,

ce qui est passé, ce qui est à venir (…)

Tous les êtres sont un quartier de lui.

le yoni ²et non la yoni (comme souvent utilisé dans le néo tantrisme) désigne le vagin mais aussi signifie «ventre maternel» et littéralement, «lieu». 

Le dépassement de tout dualisme, qui coïncide avec la libération ultime, est obtenu à travers des rites et des formes de méditation spécifiques. 

Au centre du culte tantrique se trouvent des rites de nature ésotérique porteurs de fortes connotations magico-symboliques. Des positions spécifiques des mains (mudrâ) expriment la tension de tout l’être sur le divin.  Le Nyâsa, rite qui consiste à toucher certaines parties du corps pour les identifier à la divinité, symbolise l’entrée de l’influx divin dans le corps du fidèle. Mudrâ ernb nyâsa s’accompagnent de la récitation de bîja( formules monosyllabiques) et de mantra (formules polysyllabiques), censées être doté d’un pouvoir surnaturel. Le plus récité, pour la puissance de son pouvoir est le son Om (A-U-M). Les mandala («cercles de méditation») sont le support de représentations symboliques de l’univers. La Pûjâ est une cérémonie de vénération particulièrement importante dans le tantrisme teinté d’érotisme. À travers l’acte sexuel, les fidèles célèbrent le moment de la création et, atteignant une idéale maîtrise des forces surhumaines du cosmos qui se manifestent à travers leur corps, ils permettent l’union de l’âme individuelle (jîvâtman) avec l’absolu suprême (Paramâtman)³.  Les Tantra¹ ou préceptes sont rédigés sous forme de dialogues entre les divinités masculines et leurs shakti (leurs aspects féminins). Ils contiennent aussi des indications sur les préceptes moraux, les rites et les instruments de méditation.

Dans les pratiques ancestral de cette religion, cet art de vivre, nous trouvons deux courants, celui de la main gauche et de la main droite 

    1. Daksinācāra, tantra de la main droite assimilée au bien, aussi appelé tantra blanc, où sont pratiqués : les mantra (brèves formules sacrées d’invocation), les yantra (figures géométriques), la visualisation, la méditation assise, les yogas de posture, la dévotion à travers diverses formes de vénération des temples et observant la voie de la renonciation, dans le but de sublimer le sentiment amoureux ou la pulsion sexuelle,
    2. Vāmācāra, tantra de la voie de la main gauche, aussi appelé tantra rouge, assimilé au mal, des pratiques sexuelles et utilise le plaisir charnel utilise les pratiques sexuelles et autorise de consommer de la viande.

Dans le Tantra se trouve la description la plus précise qui soit faite du corps subtil, de ces centres d’énergie (chakra) et des forces supérieures telles que la kundalinî agissant à travers eux. Le Kundalinî-Yoga est membre du Tantra. Mais nous  retrouverons aussi ces manifestations énergétiques décrites et expliquées scientifiquement par le Dr Wilhelm Reich (l’orgone, énergie cosmique fondamentale en lien avec la libido) ou expliqué par C.C.Jung¹ dans sa conférence sur le yoga de la Kundalini . 

Différence entre le Taoïsme et le Tantrisme et quelques mots sur la rétention:

Ce qui distingue le Tantra du Tao serait plutôt le discours complexe du Bouddhisme Tantrique Tibétain par rapport à la simplicité du discours taoïste. Une médecin, spécialiste occidentale du bouddhisme, Keith Dowman² explique bien cette complexité : « retirez au yoga tantrique sa terminologie mystérieuse et il ne reste plus qu’une technique de méditation. Stimuler le désir (sexuel), puis faites en l’objet d’une méditation et il deviendra conscience – un domaine de vacuité et de béatitude. » Un taoïste dit la même chose, mais différemment : « En chaque instant, il y a seulement la vacuité du yin recevant l’ensemble du yang », c’est le mariage éternel de l’homme et de la femme, de l’esprit et de la matière, du ciel et de la terre. On pourrait dire que le Tantra est destiné à ceux qui sont fascinés ou attirés par les archétypes religieux et les panthéons d’êtres divins : les dieux, les déesses, les bodhisattvas et les démons et leurs rituels secrets très élaborés, leurs initiations, leurs invocations faisant usage de Mantras complexes, leurs vénérations aux maîtres, aux images et aux statues. Ceux qui ont la patience de suivre ce chemin complexe et rigoureux -sans tomber dans la croyance ou la foi de la religion- et de suivre un lama ou un gourou qui a compris la vraie pratique ésotérique pourront réussir. Pour la voie Tantrique intérieure, la semence ou le sperme est d’une grande importance, selon Dowman : « La semence raffinée dans le centre du cœur répand la conscience dans le corps. La perte de semence par quelques moyens que ce soit provoque une réduction de la durée totale de la vie et un teint pâle… La perte de la semence est comparé au meurtre de Bouddha… Après l’initiation, l’intensité du désir est essentielle pour forcer la Bodicitta (essence séminale) à monter le long du nerf central (de la colonne vertébrale); non seulement le désir est diminué par l’orgasme, mais la volonté de trouver l’illumination est aussi temporairement perdue. » Ceci est en accord avec la rétention de la semence, laquelle est suivie de son transfert à un niveau supérieur dans le Tao. Pour la voie taoïste, le sperme (Jing ou essence vitale) est conservé et utilisé pour être transformé en énergie (Qi) et raffiné en esprit (Shen). La montée de l’énergie sexuelle se fait par le canal d’énergie du dos (Du Mai) qui comporte des points de raffinage, pour revenir à l’avant dans le canal (Ren Mai), cette réunion en boucle appelée Orbite Microcosmique régénère les centres supérieurs du cerveau en activant le point Paé Roe (Cent Réunions). Lorsque ce point est chargé d’énergie celle-ci se répand dans les cent canaux d’énergie et aide à guérir les « cent maladies³ ». Elsa Lepescheux

DE L’ABUS ET DE LA « SPIRITUALITÉ »

 » C’est toi qui a attiré cette situation, tu le voulais « .

 » Si tu penses qu’il y a un problème avec les mots ou les actions de quelqu’un d’autre, c’est TOI qui est confus « .

 » Tu fais juste de la projection, c’est tout dans ta tête « .

 » Nettoie ta vibration et tu arrêteras de t’attirer de mauvaises choses « .

 » Tu es trop attaché au corps, va au-delà, le corps n’est pas qui tu es. « 

 » Si tu as des doutes, des peurs, de la résistance, de la douleur, de la colère, c’est que tu dois être dans ton ego totalement aveugle « 

 » Le passé est une illusion. Laisse-le aller tout de suite ! « 

Beurk ! Je suis tellement fatigué de toutes ces conneries spirituelles du Nouvel Age !

TOUTE spiritualité qui n’honore pas pleinement notre expérience humaine désordonnée, insoluble, directe, immédiate, incarnée, me pèse. Car elle ne salue pas profondément la lutte de nos cœurs rudes et tendres.

Ainsi nous culpabilisons de nos imperfections et vivons la honte de nos limites.

Non, ce n’est pas toujours ta projection.

Oui, il arrive que d’autres personnes SOIENT réellement abusives et qu’on doive les faire cesser.

Non, tout n’est pas toujours « dans ta tête « .

Oui, ton corps compte. Tes sentiments aussi.

Non, tes doutes et tes peurs ne sont pas des «défauts», ils ne sont pas « mauvais » ou « non évolués ».

Non, tu n’attires pas l’abus par une «fréquence vibratoire» défectueuse.

Non, tu n’as mérité aucunement d’être maltraité, que ce soit au nom de la Vérité, au nom de Dieu, au nom de l’Amour, ou DE TOUT AUTRE NOM.

Oui, tes limites méritent d’être respectées, ton «oui» ET ton «non» aussi.

Non, il n’est pas correct que des enseignants spirituels agressent des gens « pour leur propre bien »; qu’ils les choquent pour les éveiller, les éclairer, les aider à lâcher leur « ego ».

Les enseignants qui utilisent l’abus comme outil sont simplement des agresseurs, pas des enseignants.

Je récuse toute spiritualité qui rejette notre humanité tendre, vulnérable et fragile.

Je récuse toute spiritualité qui nous fait honte de nos pensées et sentiments si précieux, si humains.

Je récuse toute spiritualité commençant ses phrases par  » si vous étiez éveillé… »

Je récuse toute spiritualité qui sépare le soi du non soi, le divin de l’humain, le sacré du profane, l’absolu du relatif, le ciel de la terre, la dualité de la non dualité, le matériel du spirituel.

Une fois, j’ai entendu un célèbre enseignant spirituel s’adresser ainsi à une femme endeuillée :  » Votre chagrin est illusoire; il n’est que l’activité du soi séparé. Un jour, le moi séparé disparaîtra, et avec lui, toute souffrance « .

Et c’est alors que j’ai vu cette profonde, profonde maladie et inhumanité au cœur de la spiritualité contemporaine : l’invalidation du traumatisme, les fausses promesses, les jeux de pouvoir, le bannissement du féminin.

C’est pourquoi, j’ai juré de m’incliner devant ce putain de cœur brisé comme s’il s’agissait de Dieu lui-même.

Jusqu’à la fin des temps. Jeff Foster

 

¹  Ralentir pour découvrir de nouvelles sensations en restant connecté à ses émotions. Selon Diana Richardson, qui enseigne le slow sex dans ses ateliers depuis 1993, il est urgent d’apprendre à redonner la parole à son corps. « Nous proposons de ralentir et d’être pleinement présents à chaque instant de la relation sexuelle au lieu de faire l’amour d’une façon si intensément tournée vers l’orgasme que nous passons à côté de la possibilité de ressentir de subtiles nuances tout au long de
l’union sexuelle », écrit-elle dans l’introduction de son livre Slow Sex, faire l’amour en conscience. Une conception de la sexualité à l’opposé de notre culture dominante, qui n’associe le désir et le plaisir qu’à la pulsion et à l’excitation. 

² En philosophie, la métaphysique désigne la connaissance du monde, des choses ou des processus en tant qu’ils existent « au-delà » et indépendamment de l’expérience sensible que nous en avons, mais elle prend des sens différents selon les auteurs et selon les époques. Michel Blay, Dictionnaire des concepts philosophiques, Larousse, 2013, 880 p.

³La mystique ou le mysticisme est ce qui a trait aux mystères, aux choses cachées ou secrètes. Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 2010, pages 1391 et 1392

¹(Source Viversum.fr)

 2 “Comprendre le tantrisme” de André Padoux editions Albin Michel

3  Une divinité, une déité ou un dieu est un être supra-naturel, objet de déférence dans différentes religions. Le mot divinité est également utilisé pour désigner l’essence de ces mêmes entités, ou la qualité de quelque chose de suprême ou de divin. Un dieu est un « vivant immortel, qui se suffit à lui-même pour atteindre au bonheur ; réalité éternelle, cause du bien » Pseudo-Platon, Définition, in Platon, Œuvres complètes, Flammarion, 2008, p. 288.

1 Shiva est quelquefois considéré comme le dieu du yoga et est représenté en tant que yogi qui possède la connaissance universelle, suprême et absolue, voire dans un état « au-delà de la connaissance ».

2  Margot Anand Créatrice de la méthode “SkyDancing Tantra”

3  Diana Richardson Créatrice de la méthode “Slow sex”

1 Barry long auteur de “faire l’amour de manière divine”

2  Mantak Chia créateur du “Healing Tao center” en Thailand et auteur de nombreux livres dont “le Tao de l’amour retrouvé, l’énergie sexuelle féminine” Guy Trédaniel Editeur 

3 Paramātman (devanāgarī: परमात्मन्) est un terme sanskrit qui désigne l’« Esprit Suprême » dans le sens de l’identification au principe absolu.  The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet

1  Kuṇḍalinī (devanāgarī: कुण्डलिनी, du mot kuṇḍala signifiant « boucle d’oreille, bracelet, enroulé en spirale »1) est un terme sanskrit lié au Yoga qui désigne une puissante énergie spirituelle lovée dans la base de la colonne vertébrale. The A to Z of Hinduism par B.M. Sullivan publié par Vision Books, pages 115,

2  Le moksha est en quelque sorte l’équivalent hindou du nirvāṇa bouddhique (source wikipedia)

3  Partrède est un nom ou adjectif signifiant littéralement « assis près », « qui est assis à côté de ». Il s’emploie pour qualifier une divinité souvent inférieure en prérogative, habituellement associée dans le culte à un dieu ou une déesse plus influent.(source wikipedia)

1Swami Karpatri The Linga and the great goddess, Indica bolls, page 177,

2  Le Sāṃkhya est généralement considéré comme le plus vieux des systèmes philosophiques indiens, il aurait été fondé au viie siècle av. J.-C. par Kapila. Histoire de la philosophie. Heinrich Ritter, Claude-Joseph Tissot. Éditions Ladrange, 1836, vol. 4, page 288

3 Sri Aurobindo est un des leaders du mouvement pour l’indépendance de l’Inde, un philosophe, poète et écrivain spiritualiste et mystique. Il a développé une approche nouvelle du yoga, le yoga intégral. (Source wikipedia)

1Jean Herbert et Jean Varenne, Vocabulaire de l’hindouisme, Dervy, 1984, p. 94.

2  Yab-yum est un terme tibétain qui signifie « père-mère » et désigne l’union entre une divinité mâle (yab) et sa shakti ou parèdre (yum). Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne, Robert Laffont, 1987

3 Yogapedie.com

1 Purusha (sanskrit IAST : puruṣa ; devanāgarī : पुरुष) signifie « mâle, homme, personne, héros | fonctionnaire, serviteur | principe vital, esprit | âme de l’univers »  The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet

2 (source wikipedia)

3 Louis Renou, traduction des Hymnes spéculatifs du Veda, Gallimard, Paris 1956, page 97

1 Le yoni (en sanskrit योनि / yoni (« origine »)), dans l’hindouisme, désigne l’organe génital féminin (matrice ou vulve) ; il est le symbole de l’énergie féminine dénommée shakti Dictionnary of Hinduism par W.J. Johnson publié par Oxford University Press, page 364,

2  yogapedie.com

3  Les tantra sont des textes qui se veulent être la continuation des véda. Les véda sont des formules de liturgie et de rituel qui apparaissent en Inde entre 1500-1000 av. J.-C. et qui remontent à une tradition peut-être plus lointaine. Elles ne furent pas transcrites avant le viiie siècle av. J.-C.. De ces textes liturgiques et de rituels sont issus de nombreux commentaires. (source wikipedia)

1 Les énergies de l’âme de G Jung (Albin Michel)

2  Keith Dowman auteur de “Sky Dancer, the secret life and songs of the lady Yeshe Tsogyel”  (Broché) Yeshe Tsogyel étant la femme éveillée la plus connue du Tibet.

3  2006, Nicole Tremblay, Ph. D., Acu., Tao de la santé.


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